Lu sur Usenet :Citation: Et si les islamistes avaient raison ;: "sur le fond" ? ! Que personne ne se méprenne sur le sens de ce titre provocateur ! La question posée est seulement de savoir si les islamistes ont, ou non, « raison sur le fond », du point de vue spécifique de superstitieux religieux semblables à d’autres intégristes. Pour ce qui est des méthodes, à savoir les attentats perpétrés ici et là dans le monde, les massacres interreligieux en Irak ou ailleurs, les atteintes aux lieux de culte, etc., je les condamne peut-être plus vivement que quiconque, du seul fait que je dénonce sans cesse LA religion, toutes les religions confondues – monothéistes ou non -, en tant que l’un des modes d’expression de la Superstition, ou « absolutisation du relatif », en l’occurrence celle d’un Dieu « relatif » fictivement absolutisé. Que le Dieu religieux – Allah, Yahvé, le Dieu chrétien ou tout autre – ne soit en réalité que « relatif » est incontestable pour la raison essentielle suivante : ce qui est « absolument absolu » ne peut être qu’UN, unique - sauf à ne plus être absolu ! Or, ils sont au moins trois, par ailleurs bien loin de faire l’unanimité sur les dogmes ; d’autre part, philosophiquement parlant, ce qui est réellement absolu est à la fois éternel, infini et parfait. C’est pourquoi je laisse d’abord chacun méditer comment « deux » absolus coexistant, donc se limitant forcément mutuellement, pourraient être tous les deux infinis. Par ailleurs, comment deux absolus pourraient-ils être éternels, sans commencement ni fin, sachant que ce « Dieu-Créateur » religieux, ce premier absolu en somme, aurait créé le deuxième absolu présumé, à savoir notre monde ? Comme il y a, dans la superstition religieuse, forcément « antériorité » d’un absolu en raison de la création de l’un par l'autre, comment le créateur et sa création pourraient-ils être éternels l’un et l’autre ? En conséquence, dans la religion comme dans le spiritualisme de Descartes et de Kant, entre autres, avec leur Dieu en tout point identique dans son acte créateur et son libre arbitre, l’un des deux présumés absolus n’est forcément pas véritablement absolu, n’a pas de réalité absolue. Pour autant qu'il est possible d'en juger valablement, c’est le cas au moins de notre monde humain : il n’existe que « relativement » à notre entendement humain, en dehors duquel il n’a pas de réalité – mais c’est un autre débat à entreprendre ! En tout cas, la substance spinoziste, ou UN absolu, échappe à cette incohérence, puisqu’il n’y a pas « deux » absolus dans la philosophie de Spinoza ! Dans sa piteuse conclusion aboutissant également à la prétendue coexistence de deux absolus, le matérialisme n’est pas en reste avec la superstition religieuse ou spiritualiste d’une soi-disant cause première et d’une illusoire chose en soi, c’est-à-dire indépendante d’un penser qui la pense ! C’est le cas chez le matérialiste Aristote avec son primus motor, son principe créateur absolu, chez Avicenne et Averroès avec leur premier Agent et dans le scientisme contemporain, positivistes inclus, avec son prétendu big bang sorti d’un arrière-monde tout aussi mystérieux que celui du Dieu religieux, puisqu’ils terminent pareillement dans le dualisme superstitieux. Le matérialisme scientiste de l’époque contemporaine se prend pour la philosophie, alors que ses porte-parole officiels, André Comte-Sponville et Michel Onfray notamment, sont en fait des « philosopheurs », pas des philosophes ! Pour étayer mes propos, je souligne que j’attends toujours les arguments contraires de l’un et de l’autre à mon abondante correspondance dénonçant, arguments philosophiques à l’appui, le « dualisme » des absolus de leur matérialisme affiché ostensiblement. Certes, Michel Onfray a prétexté par courriel le manque de temps pour affronter LA Vérité absolue, comme si celle-ci ne devait pas être la priorité des priorités pour un intellectuel digne de ce nom, ainsi que l’avait exprimé Camus en son temps. De surcroît, Michel Onfray ne saurait être un véritable philosophe, du seul fait qu’il a fait sien ce propos de Nietzche : « La vérité est qu’il n’y a pas de vérité. » ! A quoi sert donc la philosophie, si elle n'est pas la voie et la voix de l’absolu UN, sachant que notre entendement pratique ne peut penser et exprimer que le « relatif » de notre monde, c’est-à-dire le contenu pensé dans et sur (à propos de) notre monde ? Pour ce qui est de l’identité entre absolu et idéal ou parfait, je mets au défi quiconque de démontrer que, si l’Idéal et la Perfection étaient duels, étaient deux entités distinctes, l’une et l’autre pourraient être absolument l’Idéal ou la Perfection « en soi ». Afin d’éviter toute interprétation inadéquate de ces propos, je tiens à rappeler que toutes nos conceptions humaines « apparemment idéales » de Bien, de Beau et de Vrai ne sont que de pâles reflets de l’Idéal « en soi ». En réalité, dans les infinis concepts pensés par les humains (homme, femme, cheval, voiture, égalité, justice, etc., etc.), chacun n’a de l’Idéal que sa représentation personnelle, mais pas la connaissance véritable de l’ « Idéal en soi » : celui-ci, en tant que tel, nous reste à jamais inconnaissable, et encore moins représentable dans nos images ! Après ces préliminaires, venons-en à la question de savoir si les islamistes ont raison sur le fond, ou non, de ne pas désavouer Allah. Ces intégristes musulmans ont un air de famille avec ces intégristes chrétiens et juifs qui, en leur temps, ont brûlé Giordano Bruno et excommunié Spinoza en raison de leurs opinions dérangeant le Dieu juif et le chrétien. Pour ce faire, je vais me mettre, un instant, dans la tête d’un intégriste musulman, lequel n’a évidemment pas la moindre idée de LA Vérité absolue, telle que proclamée au monde par le Christ et par Spinoza, entre autres. Déjà, à sa décharge, je fais remarquer que la Parole du Christ a été pervertie par la superstition religieuse qui a usurpé son nom pour en faire le fondateur d’une religion. De nos jours, de soi-disant philosophes et musulmans, tels Abdelwahab Meddeb, Malek Chebel et Abdennour Bidar, voudraient nous faire croire que la religion et la philosophie sont compatibles, ce qui est une insulte pour Spinoza, avec lequel le premier revendique pourtant un certain « cousinage ». Il parle, en effet, de « déisme immanentiste réorientant la croyance islamique vers une forme de relativisme religieux, rendant encore plus systématique le relativisme coranique, en allant jusqu'à accorder crédit et "part de vérité" à toute forme de croyance, fût-elle des plus païennes. Du reste, "le voisinage de ce déisme avec la philosophie de Spinoza" a aidé nombre de ces musulmans éclairés à recevoir le message maçonnique. » [Cf. le nouvel Observateur, « Islam et Lumières : le rendez-vous manqué », n° 2156 du 2 mars 2006] Que pourrait bien penser de ce relativisme religieux, a fortiori du relativisme coranique, ce musulman primaire nourri par le Livre islamique censé lui exposer la Parole d’Allah au monde, donc lui apporter LA Vérité absolue ? Comment peut-il accepter que la vérité (prétendument) absolue de son Dieu puisse devenir aujourd’hui « relative » pour s’accorder avec d’autres vérités présentées comme « absolues » comme celle du catéchisme des droits de l’homme, par exemple ? De ce fait, la Parole de Dieu, de son Dieu, ne serait plus absolue pour lui ; son Dieu serait remis en question, il aurait donc menti et trompé les humains, à commencer par lui ! Comme seule la foi du charbonnier conforte les croyances religieuses, ce croyant en l’absolu dicté par son Dieu est incapable d’accepter un quelconque « relativisme » religieux ou coranique ! Pour un islamiste convaincu de la vérité absolue de la Parole d’Allah, c’est comme demander à Olivier Besancenot, en matière de foi idéologique, de ne plus croire au dogme de la révolution pour transposer l’idéal dans le quotidien - DEMAIN ! Dur, dur... A ce sujet, d’ailleurs, intégriste pour intégriste, je mets sur le même plan le comportement de ce syndiqué CGT refusant ostensiblement de serrer la main de Nicolas Sarkozy, lors de sa récente visite à des salariés en grève. Le cas échéant, en effet, le même pourrait faire sauter la voiture présidentielle sans sourciller, tout comme des islamistes font exploser des tours, des trains ou des métros, au nom de la prétendue vérité religieuse ! ! ! Par chance, on ne semble plus en être là en démocratie - sauf qu’un Premier ministre suédois a été néanmoins abattu, il y a quelques années, sans supputer pour autant ici sur l’assassin et ses mobiles ! En résumé, si les méthodes des islamistes sont condamnables, qui peut leur donner tort « sur le fond » quant à leur façon de concevoir la parole de leur Dieu, fut-il superstitieux ? Ce ne sont pas eux qui trahissent Allah, puisqu’ils refusent toute réforme de sa Parole, fut- ce pour l’adapter à la modernité du moment? A ce compte-là, d’ailleurs, il n’y aurait aucune raison de ne pas continuer à modifier la parole divine au fil des époques, au fur et à mesure des changements opérés dans la société afin d'être constamment en phase avec la société de leur vivant ! Je vois mal des intégristes chrétiens et juifs consentir à une telle remise en cause de la parole de leur Dieu, serait-ce pour l’adapter à la modernité - et pas seulement des intégristes ! En effet, les milliards de paisibles fidèles de ces religions, croyant pareillement en LA Vérité absolue apportée au monde par leur Dieu spécifique, ne me semblent pas être particulièrement disposés à de pareilles remises en cause de dogmes, que les différents conciles n’ont pas vraiment changés sur le fond. Certes, la superstition musulmane n’a même pas cette opportunité faute d’une institution islamique mondiale, et c’est pourquoi l’éventuelle réforme de l’islam ressemble, et ressemblera, toujours à sœur Anne ou à l’Arlésienne ! La conversion des « philosopheurs » du matérialisme et du spiritualisme avec leur identique péché capital d’ « absolutiser le relatif », donc de tomber aussi dans le « dualisme » des absolus, n’est pas davantage à l’ordre du jour ; croyez-moi, ils sont légion même en France, comme je suis bien placé pour le savoir. Ce n’est pas demain la veille qu’ils réformeront leur entendement pour parvenir à l’UN absolu, à LA Vérité absolue : et ce, pas même avant l’islam !
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