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Il a des convictions solides, mais modulables selon la mode. Aujourd’hui pour la décroissance, demain pour le progrès, toujours contre ce qui marche. Il manifeste le samedi, tweete le dimanche, et médite le lundi pour se remettre. Il lit Le Monde diplomatique sans y comprendre grand-chose, mais souligne des passages pour avoir l’air grave en société.   Il défend toutes les causes, surtout celles qui brillent à l’étranger. Il veut accueillir tout le monde, sauf chez lui. Il méprise la police mais appelle le commissariat quand son vélo disparaît. Il hait les riches, sauf quand ils financent ses documentaires préférés. Il parle au nom des opprimés, à condition qu’ils soient bien élevés et pensent comme lui. Il s’habille pauvrement, mais choisit avec soin : le pull est mité, mais d’une marque éthique ; ses chaussures sont trouées, mais véganes. Il parle beaucoup de "système", et toujours du "vivre-ensemble", mais ne vit qu’avec des semblables. Il croit que voter, c’est résister, surtout quand il n’y a plus rien à défendre. Il est contre tout ce qui est, pour tout ce qui n’a jamais été. Il se veut subversif, mais cite Bourdieu comme on récite le catéchisme. Il se prétend libre penseur, mais pense comme tous ses amis. Il est de gauche, non par choix, mais par posture — car il faut bien être contre quelque chose, quand on ne fait rien. | ||
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