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« Je désire soumettre à l'examen bienveillant du lecteur une doctrine qui pourra, je le crains, apparaître hautement paradoxale et subversive : la doctrine est la suivante : il est indésirable de croire à une proposition lorsqu'il n'existe aucune raison de supposer qu'elle est vraie » (début des Essais sceptiques de Bertrand Russell). | ||
Si les hommes étaient honnêtes, il n'y aurait nul usage de rhétorique. Schopenhauer en distingue quelques causes qui sont en fait toutes liées : * la malhonnêteté * la vanité * le fait de parler avant de réfléchir * l'obstination dans l'erreur L'expérience enseigne aussi que lorsque nos arguments en faveur d'une thèse sont réfutés, on peut presque toujours se trouver un nouvel argument qui nous donnera finalement raison. La généralisation de cette observation conduit à dévaloriser systématiquement les thèses de l'adversaire et à les attaquer sans examen. Le résultat de cet ensemble est que tout homme veut que sa thèse paraisse vraie, même (et surtout) quand il sait qu'elle est fausse. En conséquence, les moyens de cet art relèvent de la ruse et de l'adresse ; chacun en est pourvu, quoique de manière inégale ![]() Il est important de remarquer que le but de Schopenhauer n'a rien de cynique, puisque la rhétorique est aussi, de par sa nature, un art de repousser les attaques déloyales. L'apprentissage de la rhétorique complète donc utilement l'apprentissage de la logique, car il faut aussi se défendre si parfois on a raison. Donc, en résumé, il s'agit : * de défendre ses thèses sans se contredire ; * de renverser les thèses adverses. "Il est impossible de dire de quel côté" est la vérité : les participants ne savent pas eux-mêmes ce qu'il en est, quand ils ne sont pas convaincus d'avoir raison. Le débat peut éventuellement permettre de dévoiler la vérité, mais ce n'est pas du ressort de la rhétorique. Le point de départ est une thèse posée par l'adversaire ou par nous. 1. Modes : * ad rem (vérité objective) : la thèse est ou non en accord avec la nature des choses ; * ad hominem (vérité subjective) : la thèse contredit une affirmation précédente de celui qui l'a énoncée. 2. Méthodes * réfutation directe par attaque des fondements : o réfutation des fondements o réfutation de la consécution * réfutation indirecte par attaque des conséquences : o réfutation par une conséquence fausse (ad rem ou ad hominem) o réfutation par la démonstration de cas contraires Stratagèmes (Note : les numéros entre parenthèses renvoient à l'ordre des stratagèmes dans l'oeuvre ; nous ne présentons pas ces stratagèmes en totalité, mais en indiquons surtout les types remarquables) Changement de catégorie * L'extension (1) * L'homonymie (2) * Relatif\\absolu (3) * Particulier\\général (11) Obtenir une conclusion en masquant ses intentions * détournement de l'attention : o par dispersion des questions (4) o par questionnement rapide (7) o par changement de l'ordre des questions (9) o par provocation (8) * déguisement d'une pétition de principe (6) * preuve par la dénomination (12) Arguments selon les personnes * Argument ad hominem (16) * Argumentum ad personam (38) * Argument ad auditores (28) * Argument ad verecundiam (30) * Attitudes impudentes (15) (14) (29) (31) (36) | ||
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